L’Haïm Pavel

Je ne connaissais rien de lui-même. Même pas son nom. Je tenais le livre dans mes mains et à chaque page j’étais stupéfait et bouleversé par ce que je voyais pour la première fois.

Qui était cet inconnu ?

De son histoire je connus d’abord sa mort : mort de faim à 58 ans pendant le siège de Leningrad en 1941 ; il donnait sa ration de pain à sa femme.

Le révolutionnaire Pavel Filonov ne signait pas ses toiles : il pensait qu’elles appartenaient au Peuple. Et donc il refusait de les vendre.

Il fait partie des plus grands de sa génération : Chagall, Malevitch, Kandinsky. Il aurait pu comme beaucoup, quand il était encore temps, quitter la Russie. Mais il y croyait vraiment et avait soif des jours meilleurs : il est resté. 

Il fut mis à l’index et sa peinture entreposée dans les caves du régime bolchévique.

L’émotion que j’ai ressentie devant ces toiles a été un déclic : elle est à l’origine de plusieurs tableaux de cette exposition.

Ils racontent, avec d’autres, l’histoire très simple et très compliquée de gens qui comme lui, rêvent d’une vie meilleure et pleine.

Visages d’hommes et de femmes qui se souviennent et qui espèrent. Souvenirs de famille, moments d’amour et d’amitié, de tristesse et de joie, instants de bonheur et de lumière.

Les rêves de Pavel ne pouvaient être qu’une utopie.

Mais voilà que de retour chez nous, les nôtres se réalisent. La réalité nous étonne et nos espoirs prennent forme.

Il faudrait presque en rire, ou pour rester sérieux, juste sourire.

Alors, comme les personnages qui se promènent sur la toile, levons notre coupe. L’haïm Pavel !

                                                                     Michel Koginsky

                                                                        Jérusalem (2013) תשע »ג 

                                                                        

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