reb Efraim Fishel

La peinture, un jeu d’enfant !

La peinture est un jeu d’enfant. D’ailleurs tous les enfants font de la peinture. Et ceux qui font de la peinture sont sûrement des enfants…

Devant la feuille blanche, devant la toile, face aux étoiles, c’est face à soi-même que le jeu peut commencer. Mais attention on joue pour de vrai, comme les enfants.

Les doigts nus écrasent les tubes, malaxent la pâte. On se mélange toujours les pinceaux et bientôt il faut des gants (de boxe, bien sûr) pour donner des coups plus puissants et pour en encaisser de plus costauds.

Cela fait parfois très mal les coups de pinceaux.

L’essentiel… c’est de ne pas avoir peur du tout.

Il faut feinter, esquiver, surprendre et foncer. Il faut taper et cogner.  Comme sur un ring, faire attention à ne pas valser dans le décor, à ne pas se faire éjecter par-dessus les côtés. En fin de compte c’est au couteau que cela se règle : on déchire le papier, on crève la toile. Quand l’abcès est ouvert, la douleur se calme et les couleurs peuvent couler et s’étaler.

On se bat contre soi-même et on crie parfois victoire. Seul contre tous, seul contre le monde entier, on joue à avoir gagné, mais c’est pour rigoler.

On peut crier, chanter, pleurer ou rire. Pour survivre, pour respirer et pouvoir vivre. Pour aimer et pour sourire et pour donner.

C’est épuisant la peinture. C’est enivrant et exaltant.

Dans un coin du tableau, dans le grain du papier ou entre deux ombres, on aperçoit parfois l’éblouissement des reflets de l’absolu. Dans la solitude de l’atelier, au moment de la fusion des formes et des couleurs, dans l’ivresse de la création, presque comme une révélation, on ressent soudain, éphémère, la Présence de Quelqu’un…

On peut alors poser les pinceaux, enlever les gants, ranger les couteaux, fermer les tubes, s’essuyer les doigts et les yeux, respirer profondément et continuer à avancer, en regardant les étoiles.

La peinture, c’est un jeu d’enfant !

Michel Koginsky

Jérusalem,  Tevet 5773 / Janvier 2013

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